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Seule une vaste coopération intersectorielle permettra de lutter contre la dégradation du plus grand aquifère d’Afrique du Nord, partagé par l'Algérie, la Libye et la Tunisie

Partagé entre l'Algérie, la Libye et la Tunisie, le Système Aquifère du Sahara Septentrional (SSAS) est la plus grande réserve d'eau souterraine d'Afrique du Nord. Il assure la vie et les moyens de subsistance de 4,8 millions d'habitants. Ressource vitale en eau s'étendant sur plus d'un million de kilomètres carrés dans un environnement très aride, le SASS est naturellement vulnérable en raison de sa faible recharge naturelle. La pression sur l'eau s'est accrue au cours des trois dernières décennies avec l’extension de l’agriculture et l'essor de la nouvelle agriculture industrielle, le prélèvement d'eau étant actuellement trois fois supérieur au taux de recharge naturel (1 milliard de mètres cubes par an). Il en résulte des pressions sur la qualité de l'eau et du sol, ce qui conduit à un cercle vicieux de réduction de la productivité agricole et d'augmentation de la demande en énergie pour le pompage. Les écosystèmes fragiles, tels que les zones humides, sont par conséquent menacés et les populations locales sont exposées à une grande vulnérabilité.


Un rapport publié ce jour souligne l'urgence de prendre des mesures transfrontalières et intersectorielles pour faire face aux menaces qui conduisent à la dégradation du système aquifère.  À l'échelle mondiale, les ressources en eaux souterraines transfrontalières ne sont généralement pas couvertes par des accords de coopération officiels, alors qu'elles constituent d'importantes sources d'eau pour la consommation humaine et  d'autres utilisations, qu'elles sont sensibles à la pollution, complexes à étudier et généralement mal comprises.  Le SASS est un exemple rare d’aquifère transfrontalier jouissant d'un accord de coopération et d'échange de données.   


Axée sur les liens entre les ressources en énergie, en eau, en terres et en écosystèmes, la nouvelle évaluation transfrontalière du "nexus" analyse les dynamiques intersectorielles et identifie des solutions intégrées pour rendre la gestion des ressources plus durable et plus efficace. L'évaluation a été réalisée dans le cadre de la Convention sur l'eau par la CEE-ONU, le Partenariat Mondial pour l'Eau en Méditerranée et l'Observatoire du Sahara et du Sahel, avec le soutien de l'Agence suédoise de coopération internationale au développement.


Si les mesures sectorielles, telles que l'amélioration de l'efficacité de l'irrigation, peuvent contribuer à atténuer les pressions, l'évaluation "nexus" illustre la manière dont la collaboration intersectorielle est incontournable pour assurer un niveau optimal de sécurité en eau, énergétique et alimentaire, ainsi que d'adaptation au changement climatique. À la suite d'un processus participatif de consultation avec les gouvernements et les parties prenantes locales, le rapport propose un ensemble intégré de 15 solutions intersectorielles prioritaires. Celles-ci vont de la mise en œuvre de changements de gouvernance à l'adoption d'instruments économiques et politiques, en passant par l'investissement en infrastructures et l'innovation.


L'approche "nexus" eau-énergie-alimentation-écosystèmes prévoit la combinaison de divers éléments pour relever les défis ; par exemple, elle propose l'adoption de nouvelles technologies, parallèlement à la relance et à la valorisation des pratiques agricoles traditionnelles et la mise en œuvre de stratégies nationales et transfrontalières, parallèlement à un accent renouvelé sur la gestion des ressources locales.

L'analyse met l'accent sur le fait que les partenariats stratégiques et la coopération intersectorielle et transfrontalière sont essentiels pour tirer un maximum de bénéfices pour la société dans son ensemble. Par exemple, une des solutions proposées consiste à accroître l'utilisation des ressources en eau non conventionnelles en recourant au dessalement, au traitement des eaux usées et au traitement ou à la réutilisation des eaux de drainage. Dans ce contexte, le déploiement simultané d'énergies renouvelables - l'énergie solaire en particulier - pourrait contribuer à créer des avantages majeurs pour les secteurs de l'eau et de l'énergie. À l'inverse, le manque de coordination entre l'eau et l'énergie peut entraîner des résultats négatifs : si l'irrigation solaire à petite échelle était déployée sans une réglementation appropriée en matière d'eau et d'environnement, les pressions exercées par l'augmentation des prélèvements d'eau augmenteraient.


Note aux rédactions
À propos de l'évaluation

Cette évaluation, qui a abouti à la publication du rapport "Concilier les utilisations des ressources" : Évaluation du nexus eau, alimentation, énergie et écosystèmes dans le Système Aquifère du Sahara Septentrional  : Partie A - " Défis et Solutions Nexus", a été réalisée dans le cadre de la Convention sur la protection et l'utilisation des cours d'eau transfrontières et des lacs internationaux (Convention sur l'eau), en appliquant une méthodologie d'évaluation développée dans son cadre, en étroite coopération avec le Partenariat Mondial pour l'Eau-Méditerranée et l'Observatoire du Sahara et du Sahel dans le cadre du projet "Agir pour la coopération dans le secteur de l'eau en Méditerranée (Med Water Matchmaker)", financé par l'Agence suédoise de coopération internationale pour le développement. L'évaluation établit également des synergies avec le Programme Eau, Climat et Développement (WACDEP) du Partenariat Mondial pour l'Eau.


L'évaluation nexus a inclus des consultations nationales et deux ateliers transfrontaliers, et s'est appuyée sur une analyse des défis sectoriels et intersectoriels rencontrés par les différents secteurs, notamment grâce à l'utilisation d'un nouveau modèle intégré eau-énergie-agriculture pour le bassin. Ce processus participatif entre les pays et les secteurs a été mené sous la direction du Mécanisme de Concertation du SASS qui fournit un cadre établi pour la coopération entre les trois pays. 


À propos du Mécanisme de Concertation du SASS

Depuis les années 1970, l'Algérie, la Libye et la Tunisie ont développé une coopération en matière d'échange d'informations et de consultation qui permettent d'éclairer la gestion de l'aquifère partagé. Le Mécanisme de Concertation du SASS, établi en 2006, a un programme de travail avec un budget, et fonctionne par le biais de réunions annuelles des directeurs de l'eau des trois pays.


À propos de la Convention sur l'eau

La Convention sur la protection et l'utilisation des cours d'eau transfrontières et des lacs internationaux, dont le secrétariat est assuré par la CEE-ONU, constitue, depuis son entrée en vigueur en 1996, un cadre important pour améliorer la gestion des ressources en eaux de surface et souterraines transfrontières dans la région paneuropéenne. En mars 2016, la Convention sur l'eau est devenue un cadre juridique multilatéral et intergouvernemental mondial pour la coopération sur les eaux transfrontalières, ouvert à l'adhésion de tous les États membres des Nations Unies.

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