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La CEE-ONU ouvre la voie en matière de lutte contre les effets négatifs sur la santé de la pollution atmosphérique en réduisant les émissions de noir de carbone, ce qui aura des effets positifs sur le changement climatique

Geneve
Les pays participants à la quarante-huitième session du Groupe de travail sur les stratégies et l'examen, qui se tient cette semaine à Genève, envisagent l’adoption de mesures concrètes pour réduire les émissions de noir de carbone. Le noir de carbone est l'un des polluants atmosphériques identifiés par les scientifiques comme étant un facteur du réchauffement climatique.
La Convention sur la pollution atmosphérique transfrontière de la Commission économique pour l'Europe des Nations Unies (CEE-ONU) est le premier traité international à inclure des mesures de réduction des émissions de noir de carbone, confirmant une nouvelle fois son rôle pionnier en matière de lutte contre la pollution atmosphérique.
Le protocole de la Convention sur la réduction de l'acidification, de l'eutrophisation et de l'ozone troposphérique (Protocole de Göteborg) fera l’objet d’une révision pour inclure le noir de carbone comme un élément des particules fines. Les articles correspondants à cette révision et introduisant des mesures de réduction des émissions de noir de carbone font l'objet de négociations menées cette semaine par les représentants des Parties au Protocole.
L'Institut international d'analyse systémique appliquée estime les émissions anthropiques actuelles de noir de carbone de la région de la CEE-ONU à environ 800 Gg, soit environ 15% du total mondial. Près de 50% de ces émissions proviennent des États-Unis d'Amérique et la Fédération de Russie, et 25% de l'UE-15.
Le noir de carbone, comme l'ozone, est un «facteur de forçage climatique à courte durée de vie (SLCFs)», à savoir, un agent de réchauffement avec une durée de vie dans l'atmosphère relativement courte, comprise entre quelques jours et quelques semaines. Réduire les niveaux de ces agents dans l'atmosphère est donc un moyen non seulement d'améliorer la qualité de l'air, et donc la santé humaine, mais aussi d'agir immédiatement sur le ralentissement du changement climatique. 
Selon les constatations du Groupe spécial d'experts sur le noir de carbone, discutées lors de la réunion de cette semaine, les émissions de noir de carbone dans la région de la CEE-ONU devraient diminuer d'environ un tiers entre 2000 et 2020, principalement en raison de la mise en œuvre de la législation actuelle concernant le contrôle des émissions du secteur des transports. Toutefois, des mesures supplémentaires pourraient permettre d’atteindre une réduction  supplémentaire  de l’ordre de 40% d’ici à 2020. 
Dans cette perspective, les secteurs prioritaires d’action sont : 
• le chauffage résidentiel. Celui-ci représente près de 50% du potentiel additionnel d'atténuation des émissions de noir de carbone dans la région de la CEE-ONU. Ce secteur va devenir la principale source d'émissions de noir carbone noir dans la plupart des pays de la région d'ici à 2020, avec environ la moitié des émissions totales. Cette tendance pourrait encore s’accroitre si les politiques de lutte contre le changement climatique incluent la promotion de l’utilisation de la biomasse. Les mesures d'atténuation passent par une amélioration de l'efficacité de la combustion, par exemple à travers  l'utilisation de granulés de bois (au lieu de bois brut ou de la biomasse) et de poêles à combustion et chaudières modernes. 
• les véhicules et engins agricoles, de chantier ou utilisés dans l'industrie. Ceux-ci sont le plus souvent à moteurs diesel,  ont une longue durée de vie et sont souvent mal entretenus. Ils représentent environ 20% du potentiel de réduction des émissions de noir de carbone dans la région de la CEE-ONU. Ceci peut être réalisé principalement par l'élimination des véhicules très polluants,  en appliquant les normes Euro VI et par l'introduction accélérée de filtres à particules diesel (DPF).
• Le secteur des transports routiers peut générer des réductions supplémentaires grâce à l'élimination des véhicules très polluants,  l'introduction accélérée de DPF pour les utilitaires légers et lourds, et la rénovation des véhicules existants. Globalement, en 2020, ces mesures représentent moins de 10% du potentiel total d'atténuation. 
• la combustion à ciel ouvert des déchets agricoles. Une interdiction effective de cette pratique pourrait représenter environ 10% du potentiel de réduction total des émissions de noir de carbone. 

Il convient de souligner que ces mesures ne peuvent pas remplacer des réductions de dioxyde de carbone, qui sont indispensables pour atténuer les changements climatiques à long terme. 
La révision en cours du Protocole de Göteborg avec l'inclusion du noir de carbone est prévue pour Décembre 2011. 
Sur le moyen et long-terme, la Convention sur la pollution atmosphérique transfrontière de la CEE-ONU étudiera de plus près les incidences régionales de la réduire des niveaux d'ozone troposphérique et de ses précurseurs, y compris le méthane et le monoxyde de carbone, en prenant en compte aussi bien les effets sur la qualité de l'air, et donc la santé et l'agriculture, que sur le changement climatique. 
Il est important de noter également que les solutions mises en œuvre par les États membres de la CEE-ONU peuvent être reproduites avec succès dans d'autres régions, en particulier en Asie, où la pollution atmosphérique est un problème sérieux et croissant (la Chine et l'Inde émettent à elles seules environ 25%-35% des émissions mondiales de noir de carbone et de nouvelles estimations indiquent que les émissions de la Chine en 2006 ont doublé depuis 2000) .
Note aux rédactions
Le noir de carbone est un polluant atmosphérique formé par la combustion incomplète des combustibles fossiles, des biocarburants et de la biomasse. En tant que composant des particules fines (PM2.5), il est associé à des effets néfastes sur la santé, y compris l’augmentation de la morbidité et de la mortalité (maladies cardio-vasculaires et respiratoires, cancer du poumon). En 2000, la réduction de l'espérance de vie en raison des PM2.5 pour la région de la CEE-ONU était de 8,3 mois en moyenne (8,6 pour l'UE et 7,7 pour les pays en dehors de l'UE selon un récent rapport de l'Institut international pour l'analyse des systèmes appliqués - IIASA). *** Ces chiffres pourraient être ramenés à une moyenne de 3,6 mois en 2020 (3,5 pour l'UE-27 et 3,8 pour les pays non-UE) pour un coût s'élevant de 0,01% (UE) à 0,05% (hors UE) du produit intérieur brut (PIB) selon les mesures convenues lors de la révision du Protocole de Göteborg. 
En outre, le noir de carbone contribue significativement au réchauffement climatique en absorbant directement la lumière du soleil et donc en réchauffant l'atmosphère, et à un réchauffement régional en noircissant la glace et la neige. La contribution au réchauffement de 1 g de noir de carbone vu sur une période de 100 ans a été estimée être de 100 à 2.000 fois plus élevée que celle de 1 g de dioxyde de carbone (CO2) (voir  http://www.unep. org/gc/gc26/notification-docs.asp). Réduire l’émission de noir de carbone produira donc des effets bénéfiques au niveau régional par la réduction des dépôts sur la neige et la glace. Les effets positifs de cette action pourraient être particulièrement importants dans les régions sensibles telles que l'Arctique, qui se réchauffe plus vite que les autres régions.
Les « facteurs de forçage climatique à courte durée de vie (SLCFs) » sont des substances comme le noir de carbone, l’ozone troposphérique et le méthane qui ont une durée de vie relativement courte dans l'atmosphère, comprise entre quelques jours et quelques semaines (noir de carbone et ozone) et jusqu'à plusieurs années (méthane), et qui contribuent au réchauffement climatique en absorbant le rayonnement solaire. Parmi les SLCFs, le méthane, l'ozone troposphérique et le noir de carbone sont des facteurs clés du réchauffement climatique, en augmentant le forçage radiatif du dioxyde de carbone de 65% (voir http://www.nature.com/ngeo/journal/v3/n9/full/ngeo932.html).
Le Groupe d'experts sur le noir de carbone, présidé par la Norvège et les États-Unis, a été créé en Juin 2010. Son mandat était d'identifier les options pour d'éventuelles modifications du protocole de Göteborg de 1999 pour permettre aux Parties de réduire les émissions de noir de carbone. Le rapport du groupe est disponible à l'adresse suivante: http://www.unece.org/env/documents/2010/eb/eb/ece.eb.air.2010.7.e.pdf.
L'ozone troposphérique est un polluant toxique qui se forme lorsque des polluants émis par les véhicules, les centrales électriques, les raffineries et d'autres sources subissent une réaction chimique en présence de la lumière du soleil. Il contraste avec l'ozone stratosphérique, ou ozone naturelle, qui protège la Terre des rayons ultraviolets. L'ozone troposphérique a des effets graves sur la santé humaine et peut endommager les cultures.
La Convention sur la pollution atmosphérique transfrontière répond à certains des principaux problèmes environnementaux de la région de la CEE-ONU grâce à la collaboration scientifique et à la négociation politique. Créée en 1979, la Convention est complétée par huit protocoles qui permettent d'identifier les mesures spécifiques à prendre par les Parties pour réduire leurs émissions de polluants atmosphériques. Les Parties élaborent des politiques et des stratégies de lutte contre les rejets de polluants dans l'air grâce à des échanges d'information, des consultations, la recherche et des mesures de surveillance. 
Le Protocole de Göteborg de 1999 relatif à la réduction de l'acidification, l'eutrophisation et l'ozone troposphérique, est entré en vigueur en 2005. Le texte actuellement en vigueur du Protocole fixe des plafonds d'émissions pour 2010 pour les polluants comme le soufre, l’oxyde d'azote, les composés organiques volatiles et l'ammoniaque. Le Protocole fixe également des valeurs limites rigoureuses pour les sources d'émission spécifiques (par exemple, les installations de combustion, la production d'électricité, et les véhicules) et exige que les meilleures techniques disponibles soient utilisées pour limiter les émissions. Les révisions à venir se concentreront sur l'établissement de nouvelles cibles et de nouveaux polluants, à la lumière des récentes découvertes scientifiques. Le Protocole compte actuellement 26 Parties: Allemagne Belgique, Bulgarie, Croatie, Chypre, Danemark, Finlande, France, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Pays-Bas, Norvège, Portugal, République tchèque Roumanie, Slovaquie, Slovénie, Espagne, Suède, Suisse, l'ancienne République yougoslave de Macédoine, le Royaume-Uni et les États-Unis, ainsi que l'Union européenne. 
Ref: ECE/ENV/11/P16

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