Le Cameroun est devenu la 47ème partie à la Convention des Nations Unies sur la protection et l'utilisation des cours d'eau transfrontaliers et des lacs internationaux (Convention sur l'eau) après l’approbation de l’adhésion au plus haut niveau par le Chef de l’Etat du Cameroun le 7 juillet 2022, suivi du dépôt le 1er novembre 2022 par le ministère des affaires étrangères des instruments de ratification au siège de l'ONU à New York.
Il s'agit d'une étape importante pour l'ensemble de la région, car le Cameroun partage la plupart de ses ressources en eau avec d'autres États, dont le Tchad, le Nigeria, le Niger, la République du Congo, la République centrafricaine, le Gabon et la Guinée équatoriale. Face au stress hydrique croissant, la coopération sur ces eaux partagées est essentielle pour assurer le développement économique, l'adaptation au changement climatique et préserver la stabilité régionale.
Le Ministre des Ressources en Eau et de l'Energie, M. Gaston Eloundou Essomba a annoncé que "l'adhésion à la Convention sur l'Eau apporte de nombreuses opportunités pour renforcer le système de gestion de l'eau du Cameroun et nos ressources en eau partagées à travers une coopération accrue entre les Etats des bassins des fleuves Tchad, Niger et Congo ainsi que des fleuves côtiers pour promouvoir le développement durable et la paix".
Un coup de pouce à la dynamique de la coopération dans le domaine de l'eau en Afrique
L'adhésion du Cameroun consolide la dynamique de la coopération dans le domaine de l'eau en Afrique, qui se développe rapidement, et pourrait servir de catalyseur pour inciter d'autres pays à adhérer à la Convention sur l'eau et à profiter des avantages de sa mise en œuvre.
Le Tchad, le Sénégal, le Ghana, la Guinée-Bissau et le Togo ont rejoint la Convention depuis 2018, suite à son ouverture à tous les États membres des Nations unies. Plus de 15 pays sont en cours d'adhésion, dont la plupart se trouvent en Afrique. Avec le Tchad voisin déjà partie et suite à l'engagement récent du Nigéria à adhérer, l'adhésion du Cameroun pourrait permettre d'atteindre une masse critique de parties à la Convention sur l'eau dans cette région, mettant ainsi cet instrument pratique en action.
En plus de fournir un cadre juridique pour la coopération dans le domaine de l'eau, qui profite plus largement à la paix, à la stabilité, à la croissance économique et au développement durable, la Convention fournit également une base solide - soutenue par les institutions financières internationales - pour aider à mobiliser des financements et à réduire les risques d'investissement dans les infrastructures et l'adaptation au changement climatique dans les bassins partagés.
Exploiter les avantages de l’adhésion pour le Cameroun
Conscient de l'impact de la gestion de l'eau sur les différents secteurs de développement du pays, avec une population de plus de 27 millions d'habitants, le Cameroun a très tôt inscrit la coopération sur les ressources en eau transfrontalières parmi ses préoccupations majeures. Au niveau national, le pays a initié la révision du cadre juridique du secteur de l'eau pour intégrer les eaux transfrontalières. Pour guider l'adhésion du pays, le ministère de l'eau et de l'énergie a créé un comité ministériel avec toutes les parties prenantes travaillant dans le secteur de l'eau afin d'analyser les responsabilités et les opportunités liées à la Convention.
Sonja Koeppel, secrétaire de la Convention, a déclaré : "Le Cameroun a beaucoup à gagner en rejoignant la Convention sur l'eau, mais aussi beaucoup à contribuer. Nous sommes honorés d'accueillir le Cameroun en tant que 47ème partie à la Convention sur l'eau, en nous appuyant sur l'expérience éprouvée de la Convention depuis 30 ans pour faciliter la coopération dans les bassins partagés."
L'adhésion à la Convention sur l'eau permettra au Cameroun de bénéficier d'un soutien au niveau mondial pour renforcer la stabilité et la paix. Elle aidera également le Cameroun à améliorer encore sa gestion intégrée des ressources en eau au niveau national. Parmi les contributions transversales aux progrès des Objectifs de Développement Durable, cette coopération peut bénéficier à l'accès à l'eau potable et à l'assainissement, à la production énergétique et alimentaire, à la protection de l'environnement et au renforcement de la résilience face aux catastrophes.
L'adhésion à la Convention sur l'eau renforcera la forte implication actuelle du Cameroun dans plusieurs organisations de bassins transfrontaliers (Commission du bassin du lac Tchad, Commission internationale du bassin Congo-Oubangui-Sangha, Autorité du bassin du Niger) et la ratification préalable des chartes de l'eau des bassins du fleuve Niger et du lac Tchad, dont les principes sont convergents avec ceux de la Convention sur l'eau. Le Cameroun est également impliqué dans d'autres organisations régionales actives dans le domaine des eaux transfrontalières (Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale, Union africaine, Conseil des ministres africains sur l'eau).
Le Cameroun entend également faire valoir la coopération en matière d'eaux transfrontalières au plus haut niveau politique, dans la perspective de la prochaine Conférence des Nations Unies sur l'eau de 2023.
La Convention sur l'eau exige des Parties qu'elles préviennent, contrôlent et réduisent l'impact transfrontalier, qu'elles utilisent les eaux transfrontalières de manière raisonnable et équitable, et qu'elles assurent leur gestion durable par la coopération. Les parties riveraines des mêmes eaux transfrontalières sont tenues de coopérer en concluant des accords spécifiques et en créant des organes communs. La Convention s'inscrit dans une perspective de développement durable en ce qu'elle prend en compte tous les secteurs impliqués dans la protection et l'utilisation de l'eau.
L'adhésion du Cameroun à la Convention sur l'eau, entrera en vigueur le quatre-vingt-dixième jour après la date de dépôt.