Une forte reprise de l'économie dans la région
de la CEE-ONU, mais inégalement répartie
La CEE-ONU publie son
Étude sur la situation économique de l’Europe 2004, no 2
Tous les éléments
semblent être réunis pour
que la croissance de l’économie
mondiale se poursuive à un rythme
soutenu au second semestre de 2004 et
en 2005, telle est l’une des conclusions
de l’Étude sur la situation
économique de l’Europe que
la Commission économique des Nations
Unies pour l’Europe (CEE-ONU) vient
de publier.
En 2004, le taux moyen
de croissance de la production mondiale
devrait être à peu près
identique à celui du point le plus
haut du cycle précédent
en 2000, à savoir 4,7 %. Parmi
les pays du G7, cette reprise est essentiellement
entraînée par les économies
des États-Unis, du Japon et du
Royaume-Uni. À l’opposé,
la faiblesse de la reprise en Allemagne,
en France et en Italie ralentit la croissance
dans la zone euro qui prend du retard
sur le cycle de croissance international.
Les marchés naissants d’Asie,
de la Communauté d’États
indépendants (CEI) et d’Europe
orientale continuent à être
d’importants moteurs de l’activité
économique mondiale. Les ajustements
qu’appellent les déséquilibres
extérieurs globaux, les hauts niveaux
d’endettement du secteur public
et, dans certains pays, la bulle du marché
immobilier font cependant toujours craindre
d’importants risques de détérioration.
Une des caractéristiques
majeures de la conjoncture au premier
semestre 2004 a été la forte
hausse des prix des matières premières,
en particulier des cours du pétrole
brut. Si la hausse des prix du pétrole
risque de ralentir dans une certaine mesure
l’activité économique
dans le courant de l’année,
jusqu’à présent elle
n’a pas été sensiblement
préjudiciable au rythme de la reprise
mondiale. Étant donné leur
plus forte dépendance à
l’égard des importations
de pétrole et leur plus faible
efficacité énergétique,
les pays émergeants importateurs
nets et les pays en développement
auront plus à souffrir de cette
hausse que les pays industriels.
Forte croissance
aux États-Unis et au Royaume-Uni,
faible essor conjoncturel dans la zone
euro
Aux États-Unis,
la reprise devrait de plus en plus s’autoalimenter,
la croissance de la production devant
être supérieure au taux tendanciel,
ce qui devrait permettre la poursuite
des améliorations sur le marché
du travail et le rattrapage de l’écart
de production en 2005. En volume, le PIB
devrait croître de 4,5 % environ
en 2004, grâce à la vigueur
de la demande intérieure et des
exportations. La croissance devrait se
ralentir dans le courant 2005, le taux
annuel demeurant toutefois proche de 4
%.
Dans la zone euro,
la reprise devrait demeurer modeste en
2004 et en 2005. Le PIB en volume devrait
croître de 1,75 % environ en 2004
et de 2 % en 2005. Des taux de croissance
aussi faibles ne permettent pas d’améliorations
notables sur les marchés du travail.
La reprise devrait continuer à
être tirée par les exportations,
elles-mêmes favorisées par
la croissance dans les autres régions
du monde. En fait, la vigueur des exportations
a compensé l’effet de freinage
de la hausse des prix du pétrole.
La consommation des ménages ne
devrait connaître qu’une croissance
très modérée du fait
du faible niveau de confiance des consommateurs
et de la progression minime des revenus
salariaux globaux à cause de la
faiblesse de la demande de main-d’œuvre.
La confiance des consommateurs est actuellement
très inférieure à
la moyenne à long terme, en raison
de l’incertitude quant aux perspectives
du marché du travail et des préoccupations
à long terme touchant l’avenir
des retraites et des services de santé.
En conséquence, la propension à
épargner est très forte.
La meilleure tenue des exportations, associée
à la faiblesse des taux d’intérêt
devrait stimuler les achats de machines
et d’outillages par les entreprises,
en particulier en 2005.
En dehors de la zone
euro, le PIB en volume du Royaume-Uni
devrait progresser de quelque 3 % en 2004,
soit un peu plus que le taux tendanciel
qui se situe à 2,5 % par an. La
reprise est alimentée par une forte
croissance de la consommation des ménages
et des dépenses des administrations
publiques, mais les exportations devraient
reprendre en 2005.
Pour l’ensemble
des États membres de l’Union
européenne (UE-25), le PIB en volume
devrait progresser en moyenne de 2,2 %
en 2004 et de 2,4 % en 2005. La faiblesse
de ces chiffres masque des résultats
sensiblement meilleurs dans les nouveaux
États membres de l’UE (voir
ci-après). Le taux de croissance
moyen de l’ensemble plus vaste constitué
par les pays d’Europe occidentale,
centrale et orientale sera identique à
celui de l’UE.
Les nouveaux
membres de l’Union européenne
maintiennent un rythme de croissance rapide
Dans les premiers mois
de 2004, la croissance économique
des nouveaux pays membres de l’UE
s’est accélérée:
forte reprise en Pologne et poursuite
de l’essor de l’activité
économique dans la région
de la Baltique. Les nouveaux membres de
l’UE devraient continuer à
bénéficier de l’amélioration
générale de la demande d’importation,
tant au niveau mondial qu’en Europe
occidentale. En 2004 comme en 2005, le
PIB global de ces pays devrait croître
de quelque 4,5 %, soit deux points de
plus que celui de l’Europe des 15.
En Pologne, la croissance
du PIB devrait rester forte, tant en 2004
qu’en 2005, entraînée
par des exportations dynamiques. En Hongrie,
le taux de croissance du PIB en 2004 devrait
se situer entre 3,5 et 4 %. Les prévisions
d’accélération de
la croissance en Slovaquie pour 2004 et
2005 s’expliquent par une reprise
attendue de la demande intérieure;
une forte progression des exportations
devrait par ailleurs continuer à
soutenir l’activité économique.
Les trois pays baltes continueront à
connaître, selon toute vraisemblance,
la plus forte croissance, aussi bien en
2004 qu’en 2005, grâce au
dynamisme des exportations et à
une demande intérieure vigoureuse.
La croissance du PIB en République
tchèque et en Slovénie devrait
être un peu plus faible, aux alentours
de 3,5 %, tant en 2004 qu’en 2005.
En République tchèque, ce
ralentissement relatif de l’activité
économique traduit en partie les
efforts des pouvoirs publics pour ramener
le déficit du secteur public à
un niveau plus supportable.
La croissance
demeure forte en Europe du Sud Est…
La croissance économique
en Europe du Sud Est devrait rester assez
forte à court terme. Certains de
ces pays attirent désormais les
investissements directs étrangers
(du fait en particulier de leur adhésion
attendue à l’UE), ce qui
a contribué à améliorer
la tenue de leur économie. La croissance
du PIB en Bulgarie et en Roumanie devrait
continuer à avoisiner les 5 %,
tant en 2004 qu’en 2005, soutenue
par une forte demande intérieure
et par la croissance des exportations.
La forte reprise en Turquie reflète
la santé foncière de l’économie
et le regain de confiance des consommateurs
et des investisseurs après le succès
des efforts d’ajustement qui ont
suivi la crise financière. La croissance
du PIB turc pourrait atteindre 7 % en
2004. En Croatie, la croissance du PIB
devrait se situer aux alentours de 4 %,
en grande partie grâce aux exportations,
car les réductions envisagées
des dépenses publiques pèseront
sur la croissance à court terme.
Après un ralentissement en 2003,
l’activité économique
en Serbie et Monténégro
s’est redressée au début
de 2004 et la reprise devrait se poursuivre
durant toute l’année grâce
à une vive relance de la demande
intérieure.
…
et dans la CEI
La récente envolée
des cours des matières premières,
en particulier ceux du pétrole,
a donné un très fort élan
aux économies des pays de la CEI
exportateurs de matières premières
et à la région de la CEI
dans son ensemble. Durant les premiers
mois de l’année, la croissance
économique de la région
a été bien supérieure
aux prévisions, ce qui a fréquemment
amené à réviser en
hausse les prévisions de croissance.
À court terme, l’environnement
extérieur devrait rester favorable
aux exportateurs de matières premières
et, en conséquence, la croissance
économique des pays de la CEI restera
forte jusqu’à la fin de 2005.
La Russie a beaucoup
bénéficié non seulement
des prix élevés du pétrole
mais aussi d’une forte reprise de
la demande mondiale de pétrole,
ce qui explique en grande partie l’accélération
de la croissance au début de 2004.
De l’avis général,
son PIB devrait croître de près
de 7 % pour l’ensemble de l’année
2004, avant de ralentir à 5,7 %
en 2005. De même, la croissance
économique de l’Ukraine au
premier semestre s’est révélée
beaucoup plus forte qu’initialement
attendu, grâce à un environnement
mondial favorable pour ses principales
exportations telles que l’acier
et les produits chimiques. La croissance
du PIB devrait se situer aux alentours
de 8 à 9 %, bien au-dessus des
estimations antérieures. Au Kazakhstan,
autre grand exportateur de matières
premières, la croissance du PIB
devrait avoisiner les 10 % en 2004 et
demeurer très élevée
en 2005. Au Bélarus, la forte reprise
de la production manufacturière
tirée par les exportations devrait
également contribuer à une
solide croissance du PIB (6-7 %) pour
l’ensemble de l’année
2004. Parmi les plus petits pays de la
CEI, la croissance économique devrait
rester élevée chez les pays
exportateurs de matières premières,
dont le PIB devrait progresser dans la
plupart des cas de 8 à 9 % en 2004.
Au contraire, pour les pays qui ne sont
pas exportateurs de matières premières,
tels que l’Arménie, la Géorgie,
l’Ouzbékistan et la République
de Moldova, le taux de croissance du PIB
devrait, à court terme, demeurer
inférieur à la moyenne de
la CEI.
QUESTIONS DE
POLITIQUE MACROÉCONOMIQUE
Abandon progressif
des mesures de relance monétaire
aux États-Unis…
Au premier semestre de
2004, les États-Unis ont
continué à pratiquer une
politique monétaire d’accompagnement
marqué. L’objectif pour le
taux des fonds fédéraux
restait fixé à 1 % seulement
depuis fin juin 2003, le taux le plus
bas depuis 46 ans. Mais l’orientation
de la politique monétaire a commencé
à changer au second semestre de
2003 lorsque la reprise est devenue plus
forte. En mai 2004, de plus en plus d’indicateurs
confirmant un vif redressement de la production,
une reprise dans le domaine de l’emploi
et une faible hausse de l’inflation,
le Comité de l’Open Market
du système fédéral
de réserve a commencé à
préparer les marchés à
une remontée des taux d’intérêt,
en chute libre depuis le milieu de 2001.
De fait, le 30 juin, la réserve
fédérale a relevé
d’un quart de point de pourcentage
son objectif pour le taux des fonds fédéraux,
le portant à 1,25 %. Il s’agit
là d’un revirement de la
politique monétaire aux États-Unis
et pour l’ensemble de l’économie
mondiale. Les taux d’intérêt
réels à court terme sont
toutefois demeurés négatifs.
Au vu de la forte expansion prévue
pour le reste de 2004 et en 2005, la réserve
fédérale devra progressivement
relever les taux d’intérêt
de façon à redonner une
orientation neutre à la politique
monétaire, ce qui correspond, estime-t-on,
à une fourchette comprise entre
4 et 4,5 % pour les taux à court
terme.
…
mais la politique budgétaire des
États-Unis doit elle aussi être
ajustée
La politique budgétaire
des États-Unis devrait continuer
à accompagner la croissance tout
au long de 2004, quoique dans une mesure
bien moindre qu’en 2003. Les revenus
des ménages devraient être
à nouveau stimulés par les
remboursements d’impôts versés
dont l’effet devrait toutefois diminuer
au second semestre. Le déficit
du budget des administrations publiques
est passé de 3,3 % du PIB en 2002
à 4,8 % en 2003. À l’heure
actuelle, on ne prévoit qu’une
faible diminution du déficit budgétaire
en 2004. La majeure partie de ce déficit
serait de nature structurelle, c’est-à-dire
qu’il ne devrait être qu’en
partie absorbé au cours d’une
reprise de la conjoncture. Cela souligne
la nécessité d’une
stratégie rigoureuse et cohérente
d’assainissement des finances publiques
à moyen terme.
Dans la
zone euro, la politique monétaire
peut être mise en veilleuse…
Dans la zone euro,
la reprise est encore relativement fragile
et dépend largement de la demande
extérieure. Dans cette perspective
et au vu du faible taux, actuel comme
prévu, de l’inflation, la
politique monétaire devrait rester
en attente jusqu’à ce que
la reprise soit plus forte, ce qui exige
un renforcement soutenu de la demande
intérieure. La hausse des prix
du pétrole et le renchérissement
consécutif des produits énergétiques
ont entraîné une augmentation
générale du niveau moyen
des prix intérieurs. Ce qui devrait
être inquiétant du point
de vue de la politique monétaire,
c’est toutefois ce que l’on
appelle les effets indirects ou secondaires
de cette hausse, à savoir les conséquences
sur les coûts de production, en
particulier les coûts de main-d’œuvre,
qui pourraient provoquer une spirale inflationniste.
De même qu’aux États-Unis,
il n’y a jusqu’à présent
aucune preuve d’une telle répercussion
qui, en tout état de cause, étant
donné la situation du marché
du travail, les marges importantes de
capacité disponibles et les pressions
de la concurrence internationale, ne pourrait
être que de très faible ampleur.
…
alors que la politique budgétaire
devrait privilégier un rééquilibrage
à moyen terme
Dans la zone euro, la
politique budgétaire devrait être
sans incidence en 2004, comme il appert
de la projection d’un solde budgétaire
inchangé, correction faite des
influences conjoncturelles. Toutefois,
les déficits de six pays (Allemagne,
France, Grèce, Italie, Pays-Bas,
Portugal) seront excessifs, c’est-à-dire
qu’ils dépasseront le seuil
de 3 % prévu par le Pacte de stabilité
et de croissance. L’Allemagne et
la France perceront le plafond des 3 %
du déficit budgétaire pour
la troisième année consécutive
en 2004.
La crise à laquelle
a donné lieu la mise en œuvre
du Pacte de stabilité et de croissance
en 2003 a provoqué d’intenses
discussions sur les éventuels moyens
de le réformer. Pour l’instant,
il n’y a pas de position officielle
définitive en la matière,
du fait de l’absence de consensus
entre les États membres de l’UE.
La Commission européenne a toutefois
récemment esquissé les principaux
éléments d’un renforcement
possible et d’une clarification
du Pacte, dont les règles seraient
par ailleurs assouplies. La situation
budgétaire actuelle de plusieurs
pays membres de la zone euro, en particulier
les trois principaux, donne à penser
que la marge de manœuvre de la politique
budgétaire est désormais
quasiment réduite au fonctionnement
des stabilisateurs automatiques. À
présent, il s’agit principalement
de mettre au point des stratégies
d’assainissement des finances publiques
pour assurer leur viabilité à
moyen et à long terme sans limiter
le fonctionnement des stabilisateurs automatiques.
La zone
euro a besoin d’un assortiment de
mesures de soutien
Il importe de souligner
que les politiques macroéconomiques
et les réformes structurelles sont
complémentaires et non pas interchangeables.
De toute évidence, il faut privilégier
davantage l’innovation, accroître
les investissements en capital humain,
relancer la recherche fondamentale et
continuer à réformer les
marchés du travail afin de relever
le taux de la croissance potentielle.
Tout cela peut être fait de manière
beaucoup plus efficace dans un contexte
de croissance économique soutenue,
appuyé par des politiques macroéconomiques
favorables. Les propositions visant à
assouplir l’interprétation
du Pacte de stabilité et de croissance
vont donc dans la bonne direction. La
question essentielle à court terme
est de savoir si la reprise par les exportations
va s’élargir et avoir des
effets sur la demande intérieure.
Étant donné que la politique
budgétaire privilégiera
l’assainissement des finances publiques,
la politique monétaire aura un
rôle important à jouer par
la mise en place d’un assortiment
de mesures de soutien.
Les risques
inflationnistes poussent à un resserrement
de la politique monétaire au Royaume-Uni
Le Royaume-Uni
a à nouveau durci sa politique
monétaire au premier semestre 2004.
Au vu des prévisions de croissance
supérieures à la tendance
et des tensions qui en résultent
sur la capacité de production et
les prix, le Comité de politique
monétaire de la Banque d’Angleterre
s’est en effet inquiété
des risques de dépassement de l’objectif
d’inflation à moyen terme
fixé par le Gouvernement. Une préoccupation
majeure de politique monétaire
demeure la poursuite de la hausse des
prix de l’immobilier que l’on
considère généralement
comme une «bulle» spéculative.
L’endettement des ménages
est parvenu à un niveau très
élevé (environ 100 % du
PIB, soit 120 % du revenu disponible).
Les finances publiques se sont sensiblement
détériorées en 2003
par suite d’une forte augmentation
des dépenses de l’État
pour soutenir l’activité
économique et contrebalancer par
là le ralentissement conjoncturel
de 2002. Le déficit budgétaire
effectif s’est élevé
à 3,2 % du PIB, soit deux fois
plus qu’en 2002. La politique budgétaire
devrait demeurer neutre en 2004 et le
déficit budgétaire observé
retomber en dessous de la limite de 3
% fixée par l’UE.
Les nouveaux
membres de l’UE fixent des critères
de convergence…
Après leur adhésion,
les nouveaux membres de l’UE ont
automatiquement assumé les obligations
du Pacte de stabilité et de croissance,
notamment les règles et normes
du cadre de politique budgétaire
de l’Union. Ils doivent par ailleurs
soumettre à la Commission européenne
des programmes de stabilité et
de convergence qui définissent
les politiques qu’ils entendent
suivre afin d’atteindre les objectifs
du Pacte.
Pour certains de ces
pays, l’un des objectifs les plus
difficiles à atteindre sera le
nécessaire rééquilibrage
des finances publiques. En 2003, le déficit
des administrations publiques de quatre
pays d’Europe centrale - Hongrie,
Pologne, République tchèque
et Slovaquie - a dépassé
la valeur de référence de
3 % du PIB fixée par l’UE.
D’après leurs programmes
sur les politiques à moyen terme,
ces pays veulent éliminer les déficits
budgétaires «excessifs»
d’ici à 2006 2008. Toutefois,
pareil assainissement exigera des mesures
d’ajustement douloureuses qui, à
l’exception de la Pologne, sont
déjà en cours.
Étant donné
que de nombreux nouveaux membres de l’UE
procèdent encore actuellement à
d’importants ajustements structurels,
la Commission européenne semble
avoir adopté une attitude plus
souple à l’égard de
leurs actuels déficits budgétaires.
Il est probable que ceux qui doivent faire
face à de sérieuses difficultés
structurelles se verront accorder (quoique
de façon informelle) une période
de grâce pour se conformer aux règles
rigoureuses du Pacte. Toutefois, une telle
déviation tacite des règles
budgétaires générales
de l’UE ne fait que souligner à
nouveau les difficultés de leur
respect, difficultés qui proviennent,
du moins en partie, de leur rigidité
excessive. Il serait sans doute préférable
de modifier ces règles pour laisser
une plus grande marge de manœuvre
aux responsables des pays face aux ajustements
tant conjoncturels que structurels à
long terme.
…
et préparent leur entrée
dans l’Union économique et
monétaire
Trois pays - l’Estonie,
la Lituanie et la Slovénie - ont
adhéré au nouveau mécanisme
de taux de change de l’UE dès
juin 2004, immédiatement après
leur adhésion. Ces pays seront
peut-être prêts à adopter
l’euro fin 2006 ou au début
de 2007, mais les autres nouveaux membres
ont, semble-t-il, abandonné leur
précédent calendrier ambitieux
d’adhésion à l’Union
économique et monétaire.
Ainsi, la Hongrie et la République
tchèque semblent ne vouloir désormais
adhérer au mécanisme qu’en
2008 et adopter l’euro en 2010.
La Banque nationale de Pologne a également
modifié sa date officielle d’entrée
dans la zone euro, passée de «2007»
à «aussitôt que possible
après 2007»; le Gouvernement
polonais se montre encore plus prudent
quant à une éventuelle date
d’adhésion. La Lettonie et
la Slovaquie semblent vouloir adhérer
à l’Union économique
et monétaire en 2008.
La CEI face
aux risques de surchauffe…
L’actuelle phase
de haute conjoncture que connaît
la région de la CEI, et dont ses
pays tirent le plus grand profit, n’est
pas sans poser de nouveaux défis
à l’action gouvernementale.
Dans certains cas, cette croissance rapide
s’est accompagnée d’une
montée des tensions inflationnistes,
faisant ainsi craindre une surchauffe.
Les risques inflationnistes sont parfois
aggravés par un essor des entrées
de capitaux, essentiellement du fait du
niveau élevé des recettes
d’exportation. Une telle situation
exige une stratégie prudente et
équilibrée. Par exemple,
dans une telle situation, relever les
taux d’intérêt pourrait
conduire à attirer davantage de
capitaux, aggravant ainsi la situation
macroéconomique. Face au risque
combiné de surchauffe et d’appréciation
du taux de change, les pouvoirs publics
seraient mieux inspirés de recourir
à la politique budgétaire,
par exemple en lui donnant une orientation
plus restrictive, tout en conservant une
politique monétaire neutre.
…
et aux risques de «maladie hollandaise»
en Russie
Alors que l’économie
russe dans son ensemble bénéficie
sans aucun doute d’un supplément
de recettes inattendu à cause de
la hausse des prix du pétrole,
la Banque centrale doit faire actuellement
face à de graves dilemmes de politique
macroéconomique. En Russie, les
symptômes de la «maladie hollandaise»
sont de plus en plus visibles et la tendance
à l’appréciation du
taux de change s’est intensifiée
ces deux dernières années.
L’appréciation du rouble
est désormais telle qu’elle
peut sérieusement nuire à
la compétitivité des producteurs
du pays et devient de toute évidence
une charge pour l’économie
dans son ensemble.
Les efforts récemment
tentés pour faire face à
ce problème font ressortir la complexité
des décisions à prendre,
en particulier dans un environnement de
marchés financiers embryonnaires
et relativement inconsistants. Au premier
semestre 2004, la Banque centrale russe
a continué ses achats massifs de
devises étrangères afin
d’éviter que l’appréciation
du taux de change réel ne s’accélère
davantage. Toutefois, l’importante
injection de liquidités sur le
marché monétaire intérieur
a eu des effets secondaires préjudiciables,
non seulement en favorisant l’inflation,
mais aussi du point de vue de l’efficacité
de la gestion macroéconomique proprement
dite, en particulier la politique des
taux d’intérêt de la
Banque centrale.
Il n’existe pas
de remède simple à la «maladie
hollandaise». L’un des objectifs
de la politique macroéconomique
devrait être de prévenir
une éventuelle surréaction
du taux de change réel, dans la
mesure où un taux très élevé
risque de provoquer la suppression d’emplois
et l’élimination d’entreprises
qui, au taux d’équilibre,
seraient parfaitement viables. En outre,
pour demeurer compétitives, les
entreprises locales doivent se restructurer
pour accroître leur productivité
et leurs marges bénéficiaires.
Mais cela requiert l’instauration
d’un environnement marchand qui
permette aux entreprises de répondre
aux signaux du marché. En particulier,
cela suppose une réduction des
obstacles à la concurrence sur
les marchés du produit intérieur,
du travail et du capital et une plus grande
flexibilité de ces marchés.
À long terme, la solution consiste
à diversifier l’économie
pour réduire sa dépendance
vis-à-vis des exportations de ressources
naturelles. Pour réaliser son potentiel
de croissance à long terme, la
Russie doit donc accélérer
et approfondir les réformes systémiques
et structurelles.
S’employer à
résoudre ces problèmes devrait
donc figurer au premier rang des préoccupations
du Gouvernement russe. Un appareil productif
plus large, plus solide et plus compétitif
réduirait non seulement la dépendance
de l’économie russe vis-à-vis
des secteurs du pétrole et du gaz
mais aussi sa vulnérabilité
aux fluctuations des prix internationaux
des ressources naturelles. À des
degrés divers, les mêmes
questions (et leurs implications pour
les orientations de la politique générale)
intéressent également les
autres pays de la CEI - par exemple, l’Azerbaïdjan,
le Kazakhstan, le Tadjikistan, le Turkménistan
et, dans une certaine mesure, l’Ukraine
- qui s’efforcent de réduire
leur dépendance à l’égard
des exportations de matières premières.
LES RISQUES
DE BAISSE CONJONCTURELLE ET LES INCERTITUDES
DEMEURENT IMPORTANTS
Après avoir atteint
un sommet légèrement inférieur
à 40 dollars p/b (prix du brut
de Brent sur le marché libre),
les cours du pétrole ont reflué
au début de juin 2004. Le cours
moyen mensuel s’élevait à
33,7 dollars en juin 2004. Au premier
semestre de l’année, il était
de 33,7 dollars p/b, en hausse de quelque
5 dollars p/b par rapport à la
période correspondante de l’année
précédente. Si l’on
suppose une hausse analogue pour l’ensemble
de l’année, le relèvement
des prix du pétrole n’aurait
qu’une incidence relativement faible
et compensée par la forte reprise
du cycle économique. L’incertitude
demeure cependant quant à d’éventuelles
attaques terroristes sur les principaux
réseaux de transport du pétrole
au Moyen-Orient, qui pousseraient les
prix à la hausse, y compris les
primes de risque.
Un autre risque provient
du fait qu’une accentuation plus
forte que prévu des tensions inflationnistes
du fait du rattrapage rapide de l’écart
de production mondiale pourrait entraîner
un resserrement de la politique monétaire
plus net qu’anticipé, en
particulier aux États-Unis. Dans
ce dernier pays, on s’attend généralement
à un relèvement progressif
des taux d’intérêt.
On suppose, ce faisant, que la menace
d’inflation restera maîtrisée,
en partie grâce à la croissance
de la productivité. Un resserrement
de la politique monétaire aux États-Unis
plus sévère que prévu
pourrait y peser sur les marchés
des actions, des obligations et de l’immobilier
et avoir des répercussions négatives
sur le patrimoine net des ménages
et les conditions de financement intérieur.
Il aurait également des retombées
négatives sur les conditions de
financement offertes aux marchés
émergents qui se traduiraient par
un élargissement des marges et
par le tassement de l’activité
économique.
Au fur et à mesure
que l’on prend conscience de la
gageure qui consisterait, pour les pouvoirs
publics des grands pays, à mettre
fin à la détérioration
récente de leurs finances publiques,
même dans un environnement de croissance
durable et plus forte, une tension générale
sur les taux d’intérêt
à long terme pourrait se faire
davantage sentir sur les marchés
internationaux des obligations. Faute
d’efforts résolus pour assurer
la viabilité des finances publiques,
les rendements des obligations pourraient
augmenter suite à la hausse des
primes de risque, ralentissant ainsi les
investissements du secteur privé.
Le principal risque
de baisse conjoncturelle demeure toutefois
l’énorme déficit des
paiements courants des États-Unis.
On admet généralement que
ce déséquilibre n’est
pas soutenable et devra dès lors
être ramené à des
niveaux «normaux» à
moyen terme. La situation économique
actuelle n’est toutefois pas favorable
à des progrès en ce sens,
pour autant qu’ils soient envisageables
en 2004 et en 2005. La condition élémentaire
d’un redressement de la balance
des paiements courants est une baisse
sensible du dollar pour réduire
l’absorption interne (les produits
étrangers étant remplacés
dans les dépenses par des produits
intérieurs), conjuguée à
une croissance plus forte de la demande
extérieure pour les produits des
États-Unis. Le récent ajustement
du taux de change effectif réel
depuis le début 2002 a toutefois
été en partie inversé
au premier semestre 2004. Le fardeau de
l’ajustement est jusqu’à
présent tombé en majeure
partie sur l’Europe, étant
donné les politiques de taux de
change appliquées par les pays
d’Asie. La croissance de la demande
intérieure au Japon et dans la
zone euro devrait en outre demeurer inférieure
à celle des États-Unis.
Dans ces conditions, on ne peut pas exclure
d’importants bouleversements de
la structure des taux de change: ils pourraient
être provoqués par des modifications
brutales de l’état d’esprit
des opérateurs et de la confiance
des investisseurs, ce qui serait préjudiciable
à la reprise au Japon et dans la
zone euro.
TABLEAU
3.1
Variations annuelles du PIB réel
en Europe, en Amérique du Nord
et au Japon, 2002-2005
(Pourcentage de variation par rapport
à l’année précédente)
TABLEAU 3.2
Variations annuelles du PIB réel
en Europe du Sud-Est
et dans la CEI, 2002-2005
(Pourcentage de variation par rapport
à l’année précédente)
********
Pour des informations complémentaires,
veuillez prendre contact avec la Division
d’analyse économique à
l’adresse suivante:
Division d’analyse
économique
Commission économique des
Nations Unies pour l’Europe
(CEE-ONU)
Palais des Nations
CH - 1211 Genève 10, Suisse
Fax: +41 (0) 22 917 03 09
E-mail: [email protected]
Ref. ECE/GEN/04/P12