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Qui prend les décisions ? Les recommandations de la CEE-ONU pour la mesure de l'égalité des genres au sein des ménages

Qui prend les décisions ? Les recommandations de la CEE-ONU pour la mesure de l'égalité des genres au sein des ménages

Stats making decision 868

Les recommandations statistiques publiées aujourd'hui aideront les pays à approfondir l'un des aspects les plus difficiles à observer de l'égalité des genres : la répartition du pouvoir et de la prise de décision au sein des ménages.

Tous les grands cadres politiques internationaux sur l'égalité des genres reconnaissent le rôle fondamental de l'égalité entre les femmes et les hommes dans la capacité à prendre des décisions et à contrôler et accéder aux ressources.  De manière critique, ces cadres soulignent que les relations de pouvoir inégales opèrent non seulement dans le monde public mais aussi dans la sphère privée, au sein des ménages.

Cependant, si les offices nationaux de statistiques ont déployé beaucoup d'efforts ces dernières années pour développer des mesures des différences de pouvoir et d'influence entre les genres, peu d'entre eux se sont encore intéressés à ce dernier aspect. Les statistiques sur le pouvoir et la prise de décision abondent, couvrant, par exemple, la représentation des femmes en politique et dans le système judiciaire et l'équilibre entre les genres dans la gestion des entreprises. Toutes ces statistiques sont précieuses et importantes. Mais elles se limitent au pouvoir et à l'influence dans la sphère publique.

Or, pour avoir la moindre chance d'occuper une position publique puissante, les individus doivent d'abord être responsabilisés dans leur sphère privée. Sans cette autonomisation, l'accès aux ressources peut être inégal mais reste caché dans les statistiques existantes, qui sont souvent fondées sur des hypothèses d'égalité au sein des ménages. C'est dans cet esprit que les chercheurs universitaires examinent depuis des décennies la répartition du pouvoir au sein des foyers, en cherchant à savoir qui prend habituellement les décisions sur diverses questions, des courses de routine à l'achat d'une voiture, en passant par la consultation d'un médecin et les visites à la famille.

Le sujet n'est pas nouveau, mais l'idée de le faire entrer dans le giron des statistiques officielles n'a émergé que récemment, et seule une poignée d'offices nationaux de statistique dans la région de la CEE-ONU collecte actuellement des informations de ce type. 

Constatant cette lacune, la Conférence des statisticiens européens de la CEE-ONU a mis sur pied un groupe de travail international composé de statisticiens spécialisés dans les questions de genre et dirigé par le Canada afin d'élaborer ces nouvelles recommandations

Le groupe propose sept dimensions différentes de la prise de décision au sein du ménage - y compris les décisions financières et celles relatives à la santé, au travail ou à l'éducation des enfants - avec des suggestions sur la manière de les mesurer. Leur travail prend comme point de départ les travaux universitaires et de développement appliqué existants, mais fait valoir que de nombreuses questions couramment utilisées manquent de la nuance requise pour les contextes des pays de la CEE-ONU, ce qui les rend difficiles à comprendre, et rend difficile l'interprétation des données recueillies. Au lieu de cela, les recommandations suggèrent que les statistiques pertinentes pour les politiques sur cette question adoptent une vision large, couvrant les nombreux aspects du sujet et reconnaissant que les points de vue subjectifs des personnes sur leur propre pouvoir de décision sont un complément important aux données objectives sur la façon dont les personnes utilisent leur temps et sur qui fait quoi à la maison.

Point culminant de trois années de travail, les recommandations fournissent un inventaire des enquêtes et des questions existantes sur le pouvoir et la prise de décision au sein du foyer et présentent les résultats de tests préliminaires, offrant aux pays une source d'inspiration et une chance d'apprendre des expériences d'autres pays. Par exemple, les tests effectués au Canada ont montré que la formulation et le contexte culturel sont importants : les questions sur le " pouvoir " de prendre des décisions n'ont pas été bien accueillies, et les questions sur l'identité des personnes qui prennent les décisions en matière de sexualité et de procréation ont semé la confusion chez les personnes qui ne pouvaient pas imaginer que ces décisions soient prises par quelqu'un d'autre qu'elles-mêmes. 

Si peu de pays produisent encore une série complète d'indicateurs de prise de décision, certains - le Canada, l'Italie et le Mexique, pour n'en citer que quelques-uns - recueillent déjà des données sur certaines de ces dimensions. Les enquêtes existantes du Mexique sur les relations familiales et la violence à l'égard des femmes ont fourni une grande partie des bases du guide sur les libertés individuelles, telles que les décisions concernant l'apparence personnelle, les sorties et la participation aux activités politiques et communautaires. Inspirés par les recommandations de la CEE-ONU, d'autres pays testent l'inclusion de questions sur la prise de décision dans leurs enquêtes : la Colombie, par exemple, pilote l'inclusion de questions relatives à ce sujet dans son enquête sur l'emploi du temps.

Les présentes recommandations sont un premier pas vers l’intégration de la mesure du pouvoir et des dynamiques décisionnelles au sein des ménages dans les statistiques officielles nationales sur l’égalité des genres. La quantification des inégalités silencieuses derrière des portes closes pourrait contribuer à les mettre en lumière, en fournissant aux décideurs politiques des éléments probants pour orienter leurs efforts visant à modifier les déséquilibres.

Le Canada a dirigé ce travail, avec une participation importante de Statistique Canada, qui a présidé le groupe de travail, et de Women and Gender Equality Canada (WAGE), qui a fourni la traduction.

United Nations Economic Commission for Europe

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