Aujourd’hui, à l’instar de plusieurs pays de la région, le Niger a confirmé officiellement son souhait d’accéder à Convention sur la protection et l’utilisation des cours d’eau transfrontières et des lacs internationaux, plus couramment appelée la Convention sur l’eau. Cette adhésion à venir constitue une étape décisive pour la région puisque qu’elle rendra alors le Lac Tchad entièrement couvert par le cadre juridique de la Convention. En effet, en devenant Partie, le Niger rejoindra les pays riverains du Lac Tchad à savoir le Tchad et le Cameroun devenus Parties respectivement en 2020 ainsi 2022 et le Nigéria, en passe de devenir Partie.
Le Niger partage 90% de ses ressources en eau avec ses pays limitrophes. L'augmentation rapide de la demande en eau liée à la croissance démographique (le Niger compte 25 millions d’habitants et un taux de croissance annuel de la population de près de 4%), l'urbanisation, l’intensification de l'agriculture irriguée et l'industrialisation grandissante font peser des défis de plus en plus importants sur les ressources hydriques partagées du pays. L’exacerbation de ces défis a récemment entraîné une plus grande dépendance vis-à-vis des ressources en eau souterraine. Par ailleurs, la durabilité de ces ressources est également menacée par les effets du changement climatique.
Dans un tel contexte, la coopération transfrontalière représente un outil nécessaire pour relever certains de ces défis - en offrant un espace de discussion entre pays riverains pour identifier des solutions conjointes. À cet égard, le Niger a déjà signé plusieurs accords sur ses ressources partagées comme la Charte de l’eau du bassin du Lac Tchad. De plus, le Niger est également membre de l’Autorité du bassin du Niger et de la Commission du Bassin du Lac Tchad, organismes de bassins incontournables de la région.
Rejoindre la Convention sur l’eau permettra au Niger de consolider cette coopération existante avec ses pays voisins, en facilitant notamment la mise en place de ces cadres juridiques régionaux. Le Ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, M. Monsieur Adamou Mahaman a indiqué aujourd’hui lors de l’atelier national que « la Convention sur l’eau constitue un cadre juridique dont la mise en œuvre, en complément des cadres régionaux et des instruments nationaux, contribuera certainement à appuyer les efforts de notre pays en matière de coopération transfrontalière sur nos bassins partagés, la prévention des conflits, la promotion de la paix et l'intégration sous- régionale ».
Quelle signification pour la région du Sahel ?
La vulnérabilité climatique du Sahel se traduit par des épisodes de grande sécheresse et des pluies variables, rendant la région tantôt confrontée à des pluies diluviennes et des inondations, tantôt à des pluies insuffisantes. La raréfaction de l’eau en particulier, menace les moyens d’existence de millions de personnes qui vivent en majorité de l’agriculture pluviale et de l’élevage. Au cours des dernières décennies, la concurrence pour la terre, l'eau et la nourriture s'est intensifiée dans la région, entraînant une recrudescence de l’instabilité, notamment autour du Lac Tchad et t dans le bassin du fleuve Niger. L’adhésion progressive de plus en plus de pays de la région à la Convention sur l’eau va contribuer à prioriser politiquement la question de la gestion des ressources en eau à travers le renforcement de la coopération au niveau politique et technique- en prenant en compte également les interactions inhérentes qui existent entre l’accès à l’eau, la sécurité alimentaire et l’instabilité régionale.
La Convention fournit également une base solide pour aider à mobiliser des financements et à réduire les risques d'investissement dans les infrastructures hydrauliques.
Sonja Koeppel, secrétaire de la Convention, a déclaré « L'adhésion prochaine du Niger à la Convention sur l'eau confirme l’intérêt politique grandissant à travers le monde pour la coopération transfrontalière sur les ressources en eau partagées. La conférence sur l’eau des Nations Unies qui se tiendra du 22 au 24 mars 2023 offrira d’ailleurs l’occasion d’avancer sur ce sujet notamment dans le cadre du dialogue interactif dédié à l’eau pour la coopération. Ceci est important sachant que plus que 60% des ressources en eau se trouvent dans les bassins transfrontaliers. »
L’atelier national qui a réuni plus de 80 participants a été organisé avec le soutien financier de l'Union européenne à travers le projet "Promouvoir l'adhésion à la Convention sur l'eau" qui vise à soutenir l'adhésion et la mise en œuvre de la Convention sur l'eau et ainsi renforcer la coopération transfrontalière sur l'eau et la gestion durable et pacifique des ressources en eau partagées.