L’intégration du changement climatique dans toutes les politiques publiques ; l’amélioration du système d’information sur l’environnement, de la conformité, de la surveillance des eaux de surface et souterraines et de la biodiversité ; l’application de la loi en matière de gestion de l’environnement, des déchets et des produits chimiques ; ainsi que des efforts accrus dans la gestion durable des pêches, de l’énergie et des activités minières sont les principales priorités identifiées dans l’examen de la performance environnementale (EPE) de la Mauritanie, présenté aujourd’hui à Nouakchott.
Cet examen propose des recommandations pour inspirer les actions du gouvernement mauritanien visant à atteindre les objectifs de développement durable, mais aussi les engagements nationaux en matière de développement durable et de gestion environnementale.
Des améliorations dans la gouvernance environnementale
Le pays s’équipe progressivement d’outils et de mécanismes pour soutenir la gestion de l’environnement. Crée en 2021, la police de l’environnement dispose de pouvoirs de police administrative et judiciaire, qu’elle exerce sur l’ensemble du territoire national, pour toutes les infractions liées à la réglementation environnementale, y compris dans les zones protégées, les parcs nationaux et les zones franches. Elle apporte ainsi un soutien important au ministère de l’environnement.
L’intégration non systématique du changement climatique dans les politiques sectorielles reste toutefois un défi majeur pour le pays. Celui-ci a pris une série de mesures visant à mettre en place les structures institutionnelles nécessaires afin de promouvoir, coordonner et renforcer ses efforts en matière d’adaptation au changement climatique et d’atténuation de ses effets. Ces mesures incluent la création de groupes de travail composés de points focaux sectoriels, de représentants de la société civile et du secteur privé, et de réseaux d’experts indépendants ; l’élaboration de communications nationales complètes d’inventaires de gaz à effet de serre ; et l’établissement de rapports bisannuels, conformément à la demande de la CCNUCC. Le ministère chargé de l’environnement a établi en son sein une direction dédiée au climat et à l’économie verte.
Améliorer la protection des ressources halieutiques
La Mauritanie bénéficie de ressources halieutiques abondantes grâce à un écosystème riche, parmi les plus productifs au monde. Les parcs nationaux, comme celui du banc d’Arguin et celui de Dawling, permettent de préserver cet écosystème de la pollution et d’éviter la surexploitation des espèces maritimes. Néanmoins, les ressources halieutiques demeurent dans l’ensemble surexploitées. Une des causes de la surpêche est liée à la production de farine de poisson, ce qui prive la population de poisson bon marché et nuit à la sécurité alimentaire. Afin d’assurer la visibilité des efforts du gouvernement en matière de transparence et de bonne gouvernance des pêches maritimes auprès des Parties prenantes nationales et internationales, la Mauritanie est devenue en 2018 un pays candidat à l’Initiative pour la transparence des pêches. L’examen suggère de sensibiliser la population à la lutte contre la pollution marine due aux rejets de plastique et de mieux protéger les ressources halieutiques du pays.
Prévenir la pollution liée à l’extraction minière
La Mauritanie est dotée d’une richesse en ressources minérales considérable. Le secteur minier représente 24.2% du PIB et près de 5.5% de la population bénéficie indirectement du secteur minier artisanal. Néanmoins, les activités dans ce domaine, notamment celles liées à l’exploitation artisanale de l’or, engendrent des problèmes environnementaux et de santé publique. Les mines artisanales utilisent du mercure et du cyanure pour extraire l’or, polluant l’eau, les sols et l’air, et affectant la santé des travailleurs, ainsi que celle des populations vivant aux alentours des mines. L’examen recommande au Gouvernement d’exiger qu’une étude d’impact environnemental et social soit réalisée pour la mise en place de nouveaux centres de traitement du minerai d’or et pour l’établissement des nouvelles zones d’exploitation minière artisanale. De plus, l’examen recommande au gouvernement d’examiner la possibilité de mettre en place un système national de classification et de gestion des ressources minérales du pays en utilisant les méthodologies et les approches recommandées par la Classification-cadre des Nations Unies pour les ressources et le Système de gestion des ressources des Nations Unies.
Favoriser le développement des énergies renouvelables
Du fait de sa situation géographique, la Mauritanie possède un potentiel solaire élevé et un potentiel éolien important. Les projets en cours permettront l’expansion de la production d’énergie renouvelable, qui représentait déjà environ 37% de sa production d’énergie totale en 2022. Malgré tout, près de 80% de l’électricité du pays provient de centrales thermiques utilisant du fioul lourd, l’un des carburants fossiles les plus polluants. Celles-ci sont une source majeure d’émission de gaz à effet de serre et de pollution de l’air (la combustion du fioul lourd émet des particules de soufre), mais aussi de contamination de l’eau et des nappes phréatiques en cas de déversements accidentels. Des études épidémiologiques ont suggéré un lien entre les matières particulaires produites par la combustion de fioul lourd et la mortalité ainsi que la morbidité. L’examen suggère au Gouvernement d’accélérer la transition vers des sources d’énergie renouvelables, telle que le solaire, l’éolien, la biomasse et les petites centrales hydroélectriques, ce qui aurait comme bénéfices additionnels de renforcer l’indépendance énergétique et d’améliorer la balance commerciale du pays, le fioul lourd étant importé.
Note aux rédactions
L’examen de la performance environnementale de la Mauritanie, le second d’un pays africain après les deux examens du Maroc, a été possible grâce au soutien de la France et de l’Allemagne, ainsi que de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, qui ont mis à disposition des experts pour sa préparation. L’Allemagne, l’Estonie, la Géorgie, l’Italie, le Monténégro, la Roumanie et la Suisse ont participé au Groupe d’experts des examens de la performance environnementale. L’Allemagne, l’Autriche et la Suisse soutiennent le programme des examens de la performance environnementale.