Soixante et unième session de la Commission
économique pour l'Europe
Genève, 21-23 février 2006
Remarques préliminaires du Président de la
Commission,
Ambassadeur François Roux
Monsieur le Directeur général,
Monsieur le Secrétaire
exécutif,
Mesdames, Messieurs,
Je remercie le Directeur général. Je voudrais à mon
tour faire quelques commentaires à l’occasion de l’ouverture
de cette soixante et unième session de la Commission. Je les ferai
en français qui est une des langues officielles de cette organisation.
Quand je regarde le travail accompli en 2005 et que j’évalue
celui qui reste à accomplir en 2006, la métaphore qui me vient à l’esprit
est celle du rugby.
Comme vous le savez, le rugby est un jeu collectif intense et dynamique
qui se joue en deux mi-temps. Ce jeu consiste à remonter le terrain
pour déposer un ballon ovale entre les poteaux du but adverse.
En 2005, les États membres de cette organisation ont grâce à une
remarquable action collective réussi à adopter un programme
de réforme. Ce texte a traversé l’Atlantique pour être
déposé sur la table de la Cinquième Commission puis de
l’Assemblée générale, qui constituent les deux
poteaux de l’en-but onusien. Ce succès était particulièrement
symbolique puisqu’il matérialisait pour la première fois
certains des principes adoptés par les chefs d’État et
de gouvernement au sommet de septembre.
Le Secrétaire général des Nations Unies a profité de
la mi-temps pour désigner le nouveau Secrétaire exécutif,
M. Marek Belka, que je tiens à saluer et à remercier
pour avoir pris au pied levé la lourde tâche d’entraîneur
avec l’assistance de Paolo Garonna et de toute l’équipe
du secrétariat.
2006 est l’année de la deuxième mi-temps. L’année
où (pour reprendre la terminologie du rugby) il nous faudra transformer
l’essai marqué en 2005, c’est-à-dire mettre en œuvre
toutes les réformes concernant la gouvernance de l’organisation
et toutes les mesures qui affectent ses sous-programmes.
Comme pour le rugby, nous procéderons parfois par « mêlées »,
c’est-à-dire par des phases de regroupement particulièrement
lors des réunions du Comité exécutif. Il y aura aussi
des phases de déploiement notamment lorsqu’il s’agira
de mettre en place le nouveau sous-programme relatif à l’intégration
et la coopération économiques ou d’intensifier la coopération
entre la CEE-ONU et d’autres institutions internationales.
Monsieur le Directeur général,
Monsieur le Secrétaire
exécutif,
Mesdames, Messieurs,
Les débats relatifs aux divers aspects de la globalisation inondent
les journaux, inquiètent les peuples et font parfois sortir nos
citoyens dans la rue. Il suffit de consulter la liste des membres et l’organigramme
de notre organisation pour comprendre que la CEE-ONU est un lieu privilégié pour
le rapprochement des politiques dans les domaines de l’intégration économique,
des transports terrestres, de l’énergie, de l’environnement,
du commerce régional. Dans ces domaines précis, notre Commission
offre une enceinte multilatérale paneuropéenne où les
mutations profondes qui affectent notre région peuvent être
abordées selon une approche fonctionnelle et sur un pied d’égalité.
Aujourd’hui, le défi pour la CEE-ONU consiste à faire
redécouvrir à ses États membres les avantages du dialogue,
de l’adoption de conventions communes et de l’intégration
régionale à un moment où le multilatéralisme
traverse une crise sans précédent.
Pour ma part, je crois que la réforme devrait permettre à l’organisation
de répondre à ce défi pour au moins deux raisons.
D’abord parce que nous n’avons plus vraiment le choix. Face à la
globalisation, les alternatives à la coopération lorsqu’elles
existent ne sont pas optimales. D’une certaine manière, la
révolution technologique en cours, la concurrence des nouveaux pays
industrialisés, la menace sur l’environnement, les incertitudes énergétiques
imposent à tous nos gouvernements la gestion multilatérale
de leur transition économique.
Ensuite parce que la nouvelle méthode de travail de l’organisation
permettra de mieux répondre aux attentes des États membres.
Jusqu’en 1997, la méthode de la Commission économique
pour l’Europe a consisté à confier à des techniciens
le soin d’élaborer des normes reprises par les États
membres de l’organisation. Ces travaux se sont effectués discrètement
dans des réunions spécialisées. Un savoir-faire considérable
s’est ainsi développé et accumulé.
Avec le temps cependant, cette manière de faire a contribué à la
création d’une structure intergouvernementale très
complexe. Cette complexité a pesé sur la visibilité voire
sur la compréhension de ce que faisait l’organisation. La
vision globale s’est perdue.
Il est apparu, par ailleurs, que la simple coordination technique n’était
plus suffisante notamment lorsque les décisions portaient sur l’élaboration
d’instruments normatifs soumis à ratification parlementaire.
La réforme entreprise en 1997 a tenté de répondre à ces
questions en réduisant le nombre des organes subsidiaires principaux
en créant le Groupe d’experts du programme de travail (GEPW).
Celui-ci a fait ses preuves. Et je tiens particulièrement à remercier
ce Groupe et son président, M. Michele Coduri, pour l’appui
tout au long du processus de la réforme de 2005. Cet organe souffrait
cependant d’un sérieux handicap : il était dépourvu
d’un pouvoir de décision.
La réforme de décembre 2005 vise à simplifier encore
davantage la structure intergouvernementale. La création d’un
Comité exécutif doté de larges pouvoirs de décision
devrait permettre un saut qualitatif de la « diplomatie technico-économique » telle
qu’elle se pratique à la CEE-ONU. Ce Comité exécutif
permettra de mieux impliquer nos capitales et de saisir nos ministres lorsqu’il
s’agira de trancher entre options politiques différentes.
Je reste convaincu que la réussite de la réforme reposera
aussi sur l’interaction entre le Comité exécutif et
les ex-organes subsidiaires principaux rebaptisés comités
sectoriels. Une grande partie de l’ordre du jour de cette Commission
sera consacrée à l’examen des travaux de ces comités
qui forment le moteur de notre organisation. Je compte beaucoup sur l’échange
de vues que nous aurons avec les comités sectoriels dont les présidents
sont dans la salle et que je tiens à saluer au passage.
Monsieur le Directeur général,
Monsieur le Secrétaire
exécutif,
Mesdames et Messieurs,
Nous avons beaucoup de travail et je ne voudrais pas être trop
long mais permettez-moi de conclure sur un dernier point. La Commission économique
pour l’Europe reste, je le rappelle, une organisation intergouvernementale.
Elle n’existe que par ses membres dont elle doit refléter
les positions.
Pour que notre rugby un peu particulier fonctionne, il faut 55 représentants
sur le terrain !
Je suis conscient des problèmes logistiques voire financiers que
pose une participation permanente pour certains États membres. Je
voudrais cependant profiter de la présence des représentants
des capitales pour répéter une fois encore que la participation
et l’engagement de tous les États membres conditionnent à la
fois la légitimité et l’efficacité de l’organisation
et le succès de sa réforme.
Je vous remercie pour votre attention.
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Ref: ECE/GEN/06/P04